Juin 2010. Quatre jeunes femmes revendiquent une même identité, celle de Rona Ackfield, une petite fille disparue dix-huit ans auparavant, à l’âge de sept ans, et dont on est resté sans nouvelle. Toutes les quatre font le récit de cette période d’absence, et chacune de leur version incarne un possible. Dans l’absolu, cela pourrait être vrai. Mais tout est inventé. Aussi, au fur et à mesure que leurs voix, d’abord unies, s’éloignent, se singularisent, chacune se fissure jusqu’à se briser tout à fait sous le coup de leur propre aveu. À la trame du récit se mêle peu à peu la fabrique du mensonge qui donne accès à une autre vérité et à une autre réalité : le dessein de chaque menteuse, que celui-ci soit lié à des troubles identitaires, une analyse sociologique, ou encore un défi lancé à soi-même. Mais si, au fil de la pièce, les temporalités se décousent, dans la fiction, les temps, eux, s’enchevêtrent pour poursuivre une logique implacable. Car en puisant ainsi dans le passé, les menteuses ignorent qu’elles ne font pas qu’investir, de leur imaginaire, un terrain que les battues organisées afin de retrouver la trace de l’enfant, laissèrent vierge. Miné, glissant, ce sol, d’abord terrain de fouille et de projection, se meut très vite en zone de conflit, en espace de confrontation.
De cette enfant recherchée, dont elles endossent l’identité, les menteuses sont violemment renvoyées à leur situation actuelle, rappelées à leur présent de jeunes femmes, peu à peu prises dans un engrenage qui les dépasse – secousses présentes, réelles, les ébranlant et affectant leur devenir au moment où elles croyaient s’en tenir au passé, au possible. Car, dans ce climat de suspicion, l’aveu peut lui-même finir par être mis en doute, et l’identité dissimulée pour les besoins du mensonge, volontairement abandonnée, difficile à recouvrir, voire définitivement perdue.
Mise en voix Marion GRANDJEAN
Musique Jenny MACQUART
Comédiens-lecteurs : Stéphanie FELIX, Marlène LE GOFF, Pauline LEURENT, Agathe MUNSCH
Scénographie réalisée par : Adeline FOURNIER, Margot ARDOUIN, Sophie BALKANSKI
étudiantes à la HEAR – Haute Ecole des Arts du Rhin
ÉLISE BOCH
Elise Boch a étudié les arts du spectacle et la sociologie à l’université de Nanterre tout en se formant à l’interprétation dramatique ainsi qu’à la danse contemporaine au sein des conservatoires de Paris. C’est au cours de ses études, et notamment en classe préparatoire de lettres, qu’elle rencontre les futures membres de la No panic Cie avec qui elle co-écrit et interprète En pièces en 2008 puis Rona Ackfield en 2012. En 2011, elle fait un stage d’assistanat avec le metteur en scène et compositeur David Marton pour Le Claveçin bien tempéré crée à MC93 de Bobigny, puis rencontre Yves Beaunesne et l’accompagne sur ses créations de Pionniers à Ingolstat (Théâtre de Nîme 2011), On ne Badine pas avec l’amour (Comédie française 2012). Elle met en scène parallèlement sa première pièce, Les Maisons pour son examen final au Conservatoire Régional de Bobigny et intègre ensuite l’ENSATT où elle étudie actuellement la mise en scène. Récemment, Élise Boch a assisté Heiner Goebbels pour son adaptation française de Songs of Wars I have seen d’après le texte de Gertrude Stein, présenté à la Biennale de Musique en Scène de Lyon 2014. Elle a aussi assisté Gwenaël Morin sur Ajax au Festival Les Nuits de Fourvière en juin 2014.
NOÉMIE FARGIER
Noémie Fargier est auteure et metteure en scène. De 2004 à 2009, elle étudie le théâtre et la philosophie en khâgne puis à l’université de Nanterre, et se forme au conservatoire du IXème arrondissement de Paris. Elle met en scène plusieurs pièces courtes, réalise un court-métrage, et reçoit en 2010 l’aide à la création du Centre national du Théâtre pour Une recrue, premier projet de la compagnie Ascorbic. Également co-fondatrice de la No panic compagnie, elle met en scène en 2012 leur deuxième écriture collective, Rona Ackfield, lauréate de la bourse Beaumarchais-SACD. En tant qu’auteure-metteur en scène, Noémie Fargier nourrit son écriture de ses expérimentations scéniques, tournées vers un théâtre sensoriel. Dans cette voie elle porte depuis 2014 un projet à la lisière de la musique et de la performance, Cette présence juste derrière moi, et initie, avec Marianne sur un fil, le « cycle de l’envol », qui touche aux non-dits des relations familiales et donne forme au point de vue de l’enfant, son écoute, ses pensées.
LARA KHATTABI
Après une classe préparatoire en études théâtrales et un master de philosophie à l’université de Nanterre, Lara Khattabi entre en 2012 à La Manufacture – Haute école de théâtre de Suisse romande, située à Lausanne. Elle y travaille avec de nombreux artistes tels que Jean-François Sivadier, Gildas Milin, Philippe Saire, la compagnie italienne Motus. Membre de la No panic Cie depuis 2008, elle y écrit et joue En pièces (2008) et Rona Ackfield (2012). Elle joue également dans L’Invention du monde d’Olivier Rolin, mis en scène par Michel Deutsch à la MC93 Bobigny (2010), dans Quartett de Heiner Muller, mis en scène par Jason Barrio (2012) ou encore pour la compagnie Ascorbic dans Une Recrue (2011), pièce écrite et mise en scène par Noémie Fargier. En mai et juin 2015, elle joue en Suisse et en France dans Lac, un texte écrit par Pascal Rambert pour les élèves de la Manufacture et mis en scène par Denis Maillefer. Au cours de son Bachelor Théâtre, outre sa formation de comédienne, elle aura également mis en scène, avec Jonas Lambelet, Nous sommes tous des tontons et des tatas de la classe ouvrière, d’après Le Mandat de Nikolaï Erdman. À partir de septembre 2015 et jusqu’en mars 2016 elle jouera dans Villa dolorosa. Drei missratene Geburtstage (Villa dolorosa. Trois anniversaires qui tournent mal), un texte de Rebekka Kricheldorf, librement inspiré des Trois soeurs de Tchekhov, et mis en scène par Guillaume Béguin en Suisse et en France.
LUCIE PANNETRAT
Née en 1986, Lucie Pannetrat suit d’abord une formation littéraire en hypokhâgne puis en sciences humaines et sociales à la Sorbonne. En parallèle, elle fonde avec Noémie Fargier, Élise Boch, Lara Khattabi et Axelle Grégoire la No Panic Cie. Elles mènent ensemble une expérience singulière du travail en collectif sur deux projets, En pièces et Rona Ackfield, pièce lauréate de la bourse Beaumarchais- SACD. Lucie intègre ensuite les Beaux-arts de Lyon, où elle continue sa démarche littéraire et s’intéresse au médium vidéo en prolongement de son expérience théâtrale. La prise de vue et les relations de pouvoir et de contre-pouvoir qu’elle sous-tend l’intéressent comme des curseurs à mesurer et actionner. Cette fragilité de l’interrelation vient enrichir la représentation et multiplier les niveaux de fiction.
Plus d’informations sur: https://nopaniccompagnie.wordpress.com/